Amazon Prime Video diffuse «Maradona : le Rêve béni», une série argentine qui raconte la vie de l’icône, de son enfance à sa déchéance.

On croyait avoir tout vu de Maradona, disparu à 60 ans le 30 octobre 2021. Ses buts de génie, ses frasques, et les nombreux documentaires qui lui ont été consacrés, et même une série Netflix sur sa vie d’entraîneur passionné, mais au bout du rouleau, d’une petite équipe mexicaine. Mais la fiction n’avait jamais abordé le monstre sacré et déchu du football. Pour le premier anniversaire de sa mort, Amazon Prime Video vient de mettre en ligne « Maradona : Le Rêve béni », une série en 10 épisodes, dont les 5 premiers sont disponibles depuis vendredi dernier. Pour les prochains, il faudra les savourer un à un chaque vendredi à venir. On n’a donc pas encore vu les folles années napolitaines, les rapports avec la mafia et la retraite impossible, d’errance en errance.
Mais le début de cette fiction argentine de bonne qualité, qui utilise trois, voire quatre acteurs, pour jouer Maradona, de la petite enfance à ses ultimes années, même si elle prévient dès le générique être en partie romancée, a le grand mérite de combler un vide d’archives. Villa Fiorito et ses bidonvilles ? On a vu des photos, mais pas cet entrelac de petites maisons à peine habitables, toutes en tôle, où « Pelusita » (le touffu) – son premier surnom – a grandi en jonglant avec des citrons ou autres fruits. Le football comme un cirque, déjà. Le ballon pour se démarquer de sa condition plus que humble, abandonnée.
Emporté par un torrent d’excès
Repéré très jeune, Diego devient une attraction. La série raconte un incroyable chaos : dès son adolescence, le gamin en or, « El Pibe de Oro », est disséqué, jalousé, emporté par un torrent d’excès. On lui fait déjà des infiltrations pour jouer, et si le joueur sélectionné en équipe d’Argentine dès l’âge de 16 ans a déjà rencontré sa future femme, Claudia Villafane, il découvre presque aussitôt d’autres tentations. L’addiction au sexe facile vient avec ses tout premiers succès, et la drogue ne tardera pas, dans les années barcelonaises.
Avant donc l’explosion à Naples, à tous les sens du terme : ses plus grandes victoires et sa déchéance. Maradona est aussi un fétiche de la dictature argentine qui cherche à l’utiliser, alors qu’il vient d’un milieu populaire fidèle au péronisme républicain de son père. Ce qui expliquera son admiration pour le Che Guevara – et son tatouage – et ses prises de position politiques. Les génériques de fin d’épisode sont fabuleux, parce que bourrés d’images d’archives : avec Maradona, la fiction ne rattrapera jamais la réalité.
« Maradona : Le Rêve béni », série argentine d’Alejandro Aimetta, en 10 épisodes d’une heure, avec Nazareno Casero, Nicolas Goldschmidt, Juan Palomino… Sur Amazon Prime Video.
Article lu sur Le Parisien (rédigé par Yves Jaeglé, 2 novembre 2021 à 20h15)