
Bonjour Marc, j’ai souhaité réaliser cette interview car ton regard sur le Portugal en tant que français m’intéresse particulièrement. Pour quelles raisons es-tu tombé amoureux de ce pays ?
Mon histoire avec le Portugal a commencé avec le magazine Destination Portugal en 2016. Initialement l’éditeur de ce magazine m’a connu sur les réseaux, à travers les blogs et il m’a fait travailler un petit peu en local sur des magazines pour présenter Clermont-Ferrand (Auvergne) où je vis actuellement d’ailleurs et où se trouve une très grande communauté portugaise. Très rapidement, il m’a proposé de lancer un premier magazine (Destination Portugal). Je n’avais aucun lien avec le Portugal, je n’avais jamais mis les pieds là-bas, je savais simplement où le Portugal se trouvait sur une carte. L’aventure a débuté précisément en avril 2016, je n’étais pas journaliste voyage, je le suis devenu avec ce magazine et un peu localement dans ma région. A l’époque, je suis parti avec mon sac à dos, mes baskets et mon smartphone vers l’inconnu, vers l’aventure, vers un pays, un peuple que je ne connaissais absolument pas. J’ai commencé avec un road trip et un roadbook par Porto et Nazaré.
Je me suis vraiment profondément dit que j’étais tombé amoureux du Portugal et du peuple portugais. Vraiment comme on tombe amoureux dans la vie de quelqu’un, moi c’est d’un pays, chaque jour que je passais là-bas cela s’est confirmé. Cela paraît tellement cliché, tout ce que je vais dire, la bienveillance, la gentillesse, la douceur de vivre, le climat, l’authenticité. A deux heures d’avion, on est au bout du monde ce n’est pas la même langue, c’est une autre architecture, une autre gastronomie, tout est nouveau. Et pourtant on a des liens avec le Portugal, la religion, l’histoire, l’immigration portugaise en France, l’amitié franco portugaise, nous sommes très différents et à la fois beaucoup de choses nous rassemblent. J’ai immédiatement eu un sentiment de bien-être, que je n’explique pas vraiment. Je me suis senti bien dès que j’ai posé les pieds sur le tarmac de Porto. J’ai ressenti comme des vibrations, je ne sais pas si c’est très objectif mais c’est de l’ordre du ressenti. Et après, dès que j’ai commencé à côtoyer les gens, le reste s’est fait naturellement.

Je suis revenu de ce premier séjour complètement sous le charme de tout, j’ai eu la chance de travailler au final pendant 5 ans pour ce magazine. J’ai couvert pratiquement tout le pays, on peut dire 90% du territoire. Je passais quinze jours par mois là-bas à la découverte du pays, des paysages, du patrimoine, de l’histoire, des gens, de l’économie, des petits commerçants, une occasion en or, une chance, un privilège, sans barrière de la langue. Les portugais parlent français ou anglais en général donc je n’ai jamais eu cette sensation d’être bloqué. Je faisais tout de suite des petits efforts pour échanger des petits mots tels que bonjour, merci et pardon en portugais. Je sais que cela touchait vraiment les gens parce qu’ils savaient bien que je ne parlais pas portugais.
Oui absolument, c’est toujours appréciable de voir que les personnes font l’effort de s’intégrer en pratiquant la langue locale. Peux-tu nous parler davantage de ton parcours et notamment de tes deux guides « Le Portugal pour les curieux » sorti en avril 2023 et « Le Portugal pour les marcheurs » qui sortira en juin 2024 ?

Je suis né à Paris, après mon bac littéraire, je ne savais pas trop quoi faire. Je voulais être prof de sport ou prof d’espagnol à l’époque. J’ai finalement fait mon service militaire à Fontainebleau et après je me suis intéressé à l’infographie où j’ai étudié dans une école privée à Chantilly, dans un château. En résumé aujourd’hui je suis infographiste, rédacteur, photographe, community manager, j’ai travaillé dans la publicité, dans la communication et dans le marketing. L’écriture a toujours accompagné ma vie, tout le temps, et la photo, par contre, je m’y suis mis très tardivement à 40 ans. J’ai commencé la photo avec un téléphone, et puis j’ai vraiment aimé ça et je me suis équipé. Je suis autodidacte en photo et en journalisme. J’ai eu ma carte de presse par équivalence. Cela fait 25 ans que je suis à mon compte.

Pour revenir à mon travail de journaliste voyage sur le Portugal, cela m’occupait pas mal de temps. Ces cinq années ont été très intenses pour moi, physiquement, mentalement mais cinq années de bonheur, vraiment! Ensuite j’ai été repéré par une maison d’édition qui m’a proposé de faire un guide touristique qui s’appelle « Puy de Dôme 100 lieux pour les curieux ». Cela s’est super bien passé, derrière j’ai fait la Loire, l’Hérault et j’ai proposé le Portugal. Ils ont tout de suite validé, connaissant mon lien avec le Portugal. Le guide « Le Portugal pour les curieux » est né en avril 2023 et en juin 2024 je vais sortir en rayon un guide qui s’appelle « Le Portugal pour les marcheurs » co-écrit avec Barbara De Amorim. Il y a 50 randonnées qui sont présentées dont 40 randonnées sur le continent et dix à Madère.
Qu’as-tu pensé de Madère ? Connais-tu d’autres îles portugaises ?
C’est la deuxième fois que je vais à Madère, j’ai fait toutes les îles des Açores mais la première fois que j’ai été à Madère j’ai eu un coup de foudre. J’ai connu Madère au delà des randonnées, davantage dans ses entrailles, c’était vraiment féérique. Madère, de Paris c’est 3h35 de vol, on est sur une île paradisiaque, toute l’année il fait en moyenne 20 degrés. On retrouve la gentillesse, l’hospitalité portugaise, une autre gastronomie que sur le continent, peu de « pastelería » cela m’a beaucoup manqué. Mais par contre, quel bonheur, avec plein d’autres plats, de poissons, de fruits de mer par exemple. Madère est très accessible financièrement. Les Açores c’est très beau mais c’est très compliqué d’y aller parce que rien est sûr, cela peut être annulé au dernier moment pour aller d’une île à une autre. Au niveau du climat, s’il y a des tempêtes c’est très complexe. Contrairement à Madère, où tout est facile, il y a beaucoup de français là-bas, ils accueillent vraiment toutes les nationalités. Il n’y a pas de barrière, honnêtement je recommande à tout le monde. Si on est randonneur, que l’on aime la marche, c’est le paradis. Les randonnées sont accessibles avec des paysages féeriques, sans être un gros marcheur, sans avoir une forme physique incroyable, c’est vraiment pour les marcheurs. D’ailleurs le guide s’appelle “ Le Portugal pour les marcheurs ” et non pas pour les randonneurs.
C’est intéressant en effet de lui avoir donné ce nom là, personnellement je ne me considère pas comme une randonneuse mais j’aime bien marcher, j’apprécie de me retrouver sur des chemins accessibles avec de jolis paysages, de découvrir des endroits peu connus. La marche est fortement conseillée donc tu ne feras que des heureux avec ce nouveau guide. Qu’est-ce que tu as ressenti exactement lors de tes randonnées ?

A travers ces randonnées, j’ai découvert un Portugal que je ne connaissais pas. C’est le Portugal dans les terres, avec des yeux de découvreur, le nouveau-né qui découvre un pays, pourtant je l’ai parcouru tellement de fois mais là j’en ai pris plein les yeux.
Je me vends depuis très longtemps comme touriste professionnel et non pas professionnel du tourisme, cela n’a rien à voir. Je me sens comme un éternel découvreur, ce sentiment de découvrir à chaque fois avec des yeux de nouveau né me permet de partager beaucoup d’émotions parce que ce qui m’intéresse moi, c’est de partager les émotions. Ces randonnées, je vais les raconter, ça va être romancé.

Il existe plein d’applications GPS pour les randonneurs pour faire des parcours pas après pas, une navigation GPS en live. D’ailleurs j’ai fait un partenariat avec Wikiloc, c’est 1 400 000 utilisateurs dans le monde. Je leur ai vendu mon projet, qui a été validé tout de suite, ils vont mettre en avant toutes mes randonnées. Je suis un ambassadeur de marque pour eux. Évidemment c’est un super canal de promotion pour mon guide, et toutes mes randonnées vont s’appeler « Le Portugal pour les marcheurs » + le nom de la destination.
L’avantage pour moi, à travers Wikiloc c’est que je déleste toute la partie guidage (GPS, technique, topoguide) à une application donc les marcheurs ne pourront pas se perdre et je vais pouvoir raconter mes émotions, raconter la rando, ma balade, tout en offrant l’accès aux parcours et au guidage GPS avec un QR code.
Je tiens à dire que je ne vends pas du rêve, je vends globalement des destinations, sans mentir, sans tricher, c’est-à-dire que les photos ne sont pas filtrées. Tout est authentique. Je ne vais pas embellir les choses. Ça m’arrive de faire des reportages où il ne fait pas beau. Toutes les photos sont prises sur place. Je n’achète pas de photos bien évidemment. Je vends le Portugal pour ne parler que du Portugal mais je fais la même chose avec les autres guides. Je fais rêver en vendant, en montrant, en valorisant des destinations à travers les sites naturels, à travers les gens, le savoir-faire, le patrimoine animalier, j’aime beaucoup la gastronomie. Mes photos représentent les valeurs que je partage, les gens me suivent parce qu’ils ressentent les mêmes choses qu’ils connaissent. Je suis contre les photos trop retouchées, je vends de la réalité.

Beaucoup de gens redécouvrent des villes où ils habitent depuis toujours, très souvent ils n’ont jamais pris le temps de regarder leur ville, comme moi, je la regarde. Quand on a des amis, on les emmène toujours au même endroit parce qu’on sait combien de temps il faut pour y aller. On sait ce que nous allons leur montrer. On ne va pas s’aventurer parce qu’on n’a pas envie de leur faire perdre du temps. Concernant les portugais, en plus d’être heureux de ces découvertes, ils voient que l’on valorise leur pays avec de belles photos, des textes, ils sont fiers et émus. Ces échanges avec eux, à travers mes yeux, on ne parle pas la même langue mais on se comprend parce qu’ils savent que je vois les belles choses et leurs traditions. Cela suffit pour que l’on se connecte.

Je te comprends parfaitement, tu recherches l’authenticité tout comme moi dans mes rencontres et mes interviews. C’est vrai qu’à travers tes images on fait ressurgir des souvenirs de notre mémoire tout comme ces photographies de personnes âgées sur le banc. Ces clichés nous rappellent nos grands-parents, nos parents, de très bons souvenirs en famille et entre amis. Ce média est une façon de nous recentrer sur des choses positives avec des parcours lumineux et des personnes authentiques. Je le dis souvent dans mes échanges professionnels et personnels qu’il est essentiel d’être entouré de gens bienveillants et dans le partage.
Je te remercie pour ton témoignage touchant et ta façon de mettre en lumière la culture portugaise à travers tes écrits et tes photos.



