
Bonjour Céline, cette semaine j’ai choisi de mettre à l’honneur le métier de « podcasteur ». Le nombre d’auditeurs de podcasts dans le monde ne cesse d’augmenter et rien de mieux que d’en parler directement avec ton podcast « AGOSTO ». Peux-tu nous raconter ton parcours et la création de ce joli projet ?
Je suis née à Lyon et j’ai vécu cinq ans à Paris, où j’ai terminé mes études puis travaillé. J’ai ressenti ensuite le besoin de me rapprocher de ma famille et donc après avoir travaillé dans l’univers de la pub, j’ai décidé de me spécialiser dans le digital. J’ai toujours adoré la presse mais je sentais que ce domaine rencontrait déjà des difficultés. Puis quelques années plus tard, j’ai décidé de travailler à mon compte avec comme objectif de m’adapter aux besoins de plus petites structures : communication, gestion des réseaux sociaux, formation, podcast,… et cela dure depuis bientôt 11 ans. En parallèle, j’accompagne depuis presque 20 ans des enfants et adultes à l’apprentissage de la langue portugaise. C’est vraiment une passion qui ne me quitte pas, car au delà de la langue, ce sont des histoires et le partage d’une Culture commune.
Il y a 1 an, j’ai décidé de créer le podcast « AGOSTO » dont l’objectif est de graver des témoignages d’hommes et femmes ayant un lien avec le Portugal. C’est avant tout un projet de mémoire mais aussi une forte envie de mettre en lumière le Portugal autrement, à travers des histoires et des parcours riches. J’ai privilégié un format long même si on recommande plutôt des formats de 10 à 20 minutes maximum. J’adore plonger dans des épisodes de podcasts longs qui parfois m’accompagnent plusieurs jours, comme une série TV ! Cela dépend de chacun, on ne peut pas en faire une généralité.
Je vois dans ton profil que tu aimes également mettre en lumière les autres, on voit de plus en plus de démarches sur la valorisation de la culture portugaise, qu’en penses-tu ?
Je trouve cela très positif ! Les initiatives se multiplient avec des accroches très différentes mais avec un objectif commun : valoriser le pays. A travers les médias d’aujourd’hui, c’est aussi diffuser auprès d’un plus large public. Il y a de nombreuses associations mais aussi des franco-portugais dans l’artisanat, le cinéma, la littérature, le sport qui méritent d’être connus et pas seulement dans des événements privés…
Cela rejoint parfaitement l’idée de Paris Latina News de mettre en lumière des profils très variés. Pourquoi avoir choisi l’entrepreneuriat ?
Après onze ans, il y a forcément des avantages et des inconvénients tout comme le salariat. C’est un modèle qui me convient pour l’instant, qui me permet d’être libre de mes horaires et de mes projets et surtout d’être présente pour mes proches. J’envie parfois mon passé de salariée moins stressant ! Il y a une réalité financière qui t’oblige à te dépasser, à très bien t’organiser et à faire des choix parfois pas faciles. En tout cas, aujourd’hui, c’est le modèle qui convient à ma vie personnelle et à mes différents projets.
Le travail de José Vieira dans le documentaire « Gens du Salto / Gente do Salto : Mémoires de Portugais qui ont fui vers la France dans les années 60 » a créé en toi un bouleversement, pourquoi cette émotion si particulière ?
En effet, son documentaire m’a bouleversé parce que je voyais à l’écran l’histoire que j’ai toujours entendu à la maison sans vraiment l’écouter. Alors, j’ai commencé à creuser, à questionner mon entourage et à regarder leur parcours avec encore plus d’admiration. Mes parents sont très ouverts sur le sujet, ils ont toujours parlé de leur arrivée en France, du travail, des difficultés mais aussi de la chance d’avoir pu améliorer leurs conditions de vie. Et puis, après, je crois que le fait de vieillir, d’avoir des enfants, te fait réfléchir, tu comprends certaines choses de toi…
Je trouve d’ailleurs l’épisode de Graça très juste sur l’analyse de certaines de nos émotions et comportements liés à une Histoire, à un passé. Le côté discret des portugais, l’impression de se sentir presque coupable ou trop redevable de quelque chose. Cela pourrait être normal de la part de la génération de nos parents, un peu moins de la nôtre. J’ai eu envie de creuser, et je cherche toujours à comprendre certains traits de ma personnalité.

Dans un premier temps, j’avais envie de réaliser ce projet sous format vidéo mais cela demande un certain investissement pour un bon résultat. Étant moi-même une très grande consommatrice de podcasts, je trouvais que c’était un support parfait pour transmettre des histoires et leurs émotions sans dénaturer les propos, ce qui m’effrayait à l’écrit.
Cela fait du bien d’avoir des représentations différentes, les clichés sont malheureusement encore beaucoup trop entretenus.
Qu’utilises-tu comme outils, comme matériel de montage?
Un micro, un téléphone, un ordinateur et après je travaille longtemps sur le montage. J’utilise des logiciels comme Adobe Audition mais aussi Reaper ou Audacity. Mon travail de montage consiste essentiellement à transformer l’interview en “histoire contée”, un temps dans lequel on se plonge dans l’histoire de l’invité, avec lui. Je n’ai pas beaucoup d’incrustations. Il existe des podcasts immersifs que j’adore mais il y a un véritable travail de création d’univers sonore, qui demande beaucoup de temps et de technique !
En réalité, au moment de l’enregistrement c’est un échange avec l’invité, je pose des questions, je demande des précisions, je partage aussi mon histoire mais le résultat est très différent. Je disparais pour laisser place à son histoire, sans gêner l’auditeur. J’adore le format interview mais je ne suis pas journaliste et c’est un exercice qui s’apprend, intervenir au bon moment, être pertinent, penser à l’auditeur,… sur un autre podcast peut-être un jour !
En parlant de journalisme, j’ai vu que tu étais passée sur Radio Alfa, comment as-tu vécu cette expérience en tant qu’interviewée ?
J’ai adoré, c’était avant le lancement de la saison et c’est une très belle valorisation de mon projet. Didier Caramalho m’a posé des questions très pertinentes qui m’ont fait réfléchir même après la fin de notre échange. Je suis heureuse d’avoir ces couvertures médias, pour faire connaître « AGOSTO » et multiplier les écoutes. Mon objectif est là, faire voyager ces histoires, faire évoluer les schémas de pensée, inciter les personnes à questionner leurs familles…
Peux-tu développer la différence entre la France et les Etats-Unis sur les podcasts natifs ?
En France, l’univers du podcast est surtout représenté par le Replay des émissions radios et les podcasts natifs, bien que nombreux et de très grande qualité, sont encore peu consommés par rapport à d’autres pays comme les Etats-Unis. Rares sont les podcasteurs français indépendants à vivre de leurs podcasts ! Les marques n’ont pas encore ajouté cette ligne dans leur budget publicitaire annuel et pourtant, c’est un média si puissant émotionnellement.
Pourquoi as-tu décidé de faire plusieurs saisons de ton podcast ?
Les saisons sont composées de huit épisodes, car le mois d’août (AGOSTO en portugais) est le huitième mois de l’année. Comme tu peux le voir, il y avait une grosse recherche (rires) ! Plus sérieusement, l’objectif est d’avoir huit portraits et de faire une petite pause pour me permettre d’avoir le temps d’enregistrer et monter d’autres épisodes même si aujourd’hui je travaille sur deux saisons en même temps. Il devrait donc y avoir une très courte pause entre les deux.
Tout s’organise au feeling, parfois de manière un peu désorganisée, en fonction de mes rencontres ou de mes lectures. Et puis parfois, sans l’avoir prévu, il y a des thématiques qui ressortent dans une saison comme le racisme (saison 2) ou la langue portugaise (saison 3). Je ne mets pas en ligne dans l’ordre des enregistrements. J’ai besoin de ressentir que c’est le moment et parfois j’ai besoin de prolonger l’échange avec l’invité en off.
Je pense développer ma chaîne Youtube cette année. Je ne manquerai pas de faire appel à tes qualités de podcasteuse. Je te laisse terminer notre bel échange avec un petit mot en portugais pour nos lecteurs. Muito Obrigada!
Obrigada pelo convite. Espero que gostem de descobrir o podcast AGOSTO e até breve!

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