Cette semaine j’ai voulu mettre en lumière l’entreprise familiale d’Eric Giovale. Située à Ribiers, près de Sisteron dans le sud de la France, OvinAlp incarne une vision durable et innovante de la fertilisation, avec une offre de biostimulants et de fertilisants organiques qui respectent l’environnement. Grâce à son engagement envers l’amélioration de la santé des sols, l’entreprise continue de promouvoir des pratiques agricoles responsables qui contribuent à un avenir plus vert.
Par Diane Cardoso-Gomes, fondatrice de Paris Latina News

Bonjour Eric, comment l’entreprise familiale OvinAlp est-elle née ?
Eric Giovale : Nous sommes issus d’une famille d’agriculteurs. Mon père a démarré son activité en tant que transporteur et négociant en produits du sol. Il négociait des pommes de terre, de la paille, du fourrage et des fumiers aussi. Quand j’ai fait mon école de commerce, je me suis dit qu’il y avait peut-être quelque chose de mieux à faire. En 1985, j’ai créé la marque OvinAlp en cherchant un sous-traitant pour pouvoir faire un produit organique plus facile d’utilisation. Nous avons commencé par transformer le fumier de moutons des Alpes issus d’élevages extensifs en le compostant pour le concentrer et ensuite nous avons élaboré ces fumiers pour pouvoir les bouchonner et les proposer en pellets aux agriculteurs et que ce soit plus facile d’utilisation pour eux. A cette période-là, c’est clair qu’on avait la technologie de la mise en bouchon mais nous étions loin de ce que nous sommes capable de faire aujourd’hui et de ce que nous avons fait au fur et à mesure des années pour faire évoluer nos produits et notre savoir-faire. Nous avions un savoir-faire sur le compostage, sur la bio-fermentation, sur le process de bouchonnage pour réaliser des bouchons qui soient des bouchons de qualité, qui se délitent dans le sol et qui surtout soient des bouchons qui préservent l’activité microbiologique que l’on avait à l’intérieur du produit. Si dans les années 90, nous n’avions pas encore caractérisé ce qu’il y avait comme richesses dans nos amendements organiques, et dans ce qui deviendra après le principe actif OV, les retours que nous avions de la part de nos clients étaient très positifs et nous laissaient entendre que nos produits avaient des fonctionnements et des résultats bien différents de ce qu’ils avaient l’habitude d’utiliser.
La première innovation chez nous, elle réside dans le process, pas simplement dans le fait que nos bouchons soient réalisés à froid, en faisant un transfert d’humidité du compost de fumier sur des matières plus sèches comme les pulpes de raisins et les pulpes d’olives, donc des pulpes de fruits qui permettront également de nourrir les micro-organismes qui étaient présents dans le compost d’origine animale. En fait, nous faisons revenir dans un sol un cocktail de micro-organismes bénéfiques (600 espèces de champignons et bactéries bénéfiques présents dans notre principe actif OV) et différents types de matières organiques : les matières organiques d’origine animale et les matières organiques d’origine végétale. Les deux matières organiques sont composées de carbone, mais de carbone qui va être plus facilement assimilable ou plus structurant.
Le mouton est un animal qui a un intérêt majeur. Au travers de ses différents estomacs, puisqu’il en a plusieurs, il est capable de digérer toutes les matières d’origine organique, qu’elles soient facilement digestibles ou difficilement digestibles grâce à ses micro-organismes et à son usine interne de digestion. Cela veut dire que quand cet animal commence à transformer de la matière organique, il va la rendre utilisable par le sol grâce à ses micro-organismes. Il faut donc préserver ces micro-organismes et pour cela il ne faut pas monter en température en réalisant le bouchon. Notre offre ne répond pas simplement aux attentes des agriculteurs, (la facilité d’utilisation, ou le prix) elle répond aux besoins agronomiques, à la rentabilité du capital investi.
J’ai lu que vous investissiez 500 000€ par an dans la recherche et l’innovation…
Eric Giovale : En effet, nous investissons beaucoup dans la recherche du moins à notre niveau, pour aller chercher des innovations, pour aller chercher à l’intérieur de nos produits ce qui pourrait avoir un intérêt agronomique encore plus important. Globalement, sur notre espace, l’espace qu’on occupe, c’est à dire la terre en général, il y a des ressources naturelles que nous utilisons. Quand on fait de l’élevage, on a une matière organique qui est produite par les résidus de l’élevage qui est reproductible, donc cette matière première va être à notre disposition dans le temps. Comment la rendre plus utile encore, pour mieux l’utiliser au sol ?C’est d’abord en la connaissant mieux et grâce à cette recherche scientifique nous connaissons de mieux en mieux nos matières premières et nos sols et pouvons ainsi faire la jonction entre la compréhension de ces deux espaces et réaliser des produits élaborés comme des bio-stimulants microbiens et non microbiens parfaitement adaptés à la stimulation de la nutrition des plantes mais aussi à l’entretien de la bonne santé physique, biologique et chimique des sols pour mieux nourrir les plantes. C’est ce que nous faisons de façon régulière et c’est pour cela que nous continuons d’investir dans l’innovation parce que l’on sait que nos matières, même si elles sont reproductibles, sont limitées en quantité et qu’à l’échelle mondiale nous devons optimiser leur utilisation. En effet si ces matières premières sont utilisées simplement comme des matières premières que l’on renvoie au sol en se disant que le sol digérera la chose, cela ne fonctionne pas. C’est comme nous pour nous nourrir, nous avons besoin d’une nutrition équilibrée pour être en bonne santé et avec une nutrition équilibrée, évidemment on est moins fragile à la maladie, plus résistant, plus résilient. On traite tous les sols de la même façon et surtout on utilise les sols aujourd’hui dans le monde comme des grands sportifs, ils ont des régimes qui sont adaptés aux objectifs qu’ils ont à remplir. Par exemple quand vous êtes dans le Top 14, vous allez avoir des matchs internationaux à régler mais il va falloir aussi que vous ayez des périodes de repos. Aujourd’hui, on a des sols sur lesquels on ne met pas de période de repos. C’est très important d’avoir des sols en bonne santé. Nous, c’est notre métier que d’entretenir la santé des sols et pour bien le faire il faut connaître le sol, connaître la plante et appliquer des produits élaborés adaptés. C’est pour cela que sans un investissement scientifique et sans la recherche scientifique avec des laboratoires extérieurs, des essais et un travail de mesure des résultats on ne peut pas aller de l’avant. Chez OvinAlp, nous avons choisi d’intégrer tout cela parce qu’effectivement, et même si nous sous-traitons du savoir et de la connaissance auprès de laboratoires extérieurs avec qui nous collaborons comme le Museum d’histoire naturelle de Paris ou l’Université de Marseille avec qui nous travaillons sur la caractérisation des micro-organismes et la bio-fermentation solide parce que ce n’est pas le tout d’avoir identifié des micro-organismes à un moment donné, il faut ensuite identifier leur intérêt agronomique pour créer les produits de demain.

Où en êtes-vous précisément par rapport à votre implantation au Brésil ?
Eric Giovale : Nous continuons d’avancer, de défricher différentes régions, de comprendre les différentes cultures et les différents types de sols, de tisser de la relation avec les nombreux acteurs qui sont sur place aussi. L’idée est de pouvoir implanter une plateforme et créer un principe actif du type OV, tel que nous savons le faire aujourd’hui en Europe. Cela avance sur l’utilisation de matières premières et l’adaptation à la zone.
Il y a plein de facteurs qui viennent se greffer quand on fabrique des produits, bien sûr il y a l’innovation par le produit mais il y a aussi l’innovation par l’utilisation qu’on va en faire. Concernant la fertilisation il y a une association de solutions qui permettra d’atteindre un objectif qui est un objectif optimal. Aujourd’hui, on le voit, il faut produire, il faut nourrir les populations. On produit même des végétaux aujourd’hui pour faire du gaz. On va jusqu’à essayer certaines matières organiques en fertilisation (les résidus de couches pour bébé) parce que ce sont des matières d’origine organique. Ces matières-là, peut-être est-il préférable de les utiliser en méthanisation au lieu de les utiliser dans un sol qui va avoir du mal à les digérer et où cela risque d’apporter plus de contraintes que d’avantages. Pour revenir au Brésil, sur la compréhension du marché avant de s’attaquer au marché des grandes cultures, nous allons nous adresser aux marchés de la vigne, de l’arboriculture et du maraichage que nous connaissons bien et sur lesquels nous sommes des spécialistes reconnus et engager des partenariats pour s’adresser au marché des grandes cultures (soja, maïs, etc..) avec notre maitrise de la bio-fermentation solide qui est moins polluante parce qu’elle utilise moins d’eau pour produire des concentrations de bactéries encore plus élevées que la fermentation liquide.
Au niveau RSE, c’est plus intéressant, nous sommes en train d’échanger avec des entreprises qui ont déjà un pied dans le marché. C’est toujours plus facile d’avancer sur un marché en partageant les savoir-faire que de vouloir le conquérir tout seul. Comme cela nous pouvons nous concentrer sur les cultures que l’on connait bien, la viticulture, l’arboriculture et le maraîchage, sur des zones en particulier au Brésil à proximité desquelles il y a de l’élevage. C’est un pays au potentiel énorme mais il ne faut pas non plus se disperser nous allons avancer pas à pas.
Vous êtes dans plusieurs pays en Europe actuellement, notamment en Espagne, en Suisse, en Italie, en Grande-Bretagne, en Belgique. J’ai vu que vous étiez dans pas mal de pays de l’Est aussi…
Eric Giovale : Tout à fait, nous nous développons sur la Serbie notamment, que nous avons ouvert l’année dernière. Vous savez, nous en France, il y a toujours une batterie de règlements franco-français qui s’empilent les uns sur les autres alors qu’ailleurs on est plus pragmatique. Aussi, quand des produits sont efficaces, constants en composition et inoffensifs et qu’ils procurent de bons résultats et de la valeur ajoutée tout en respectant l’environnement ils sont vite adoptés. Nos produits sont utilisés en Serbie en viticulture mais surtout sur pommes de terre et le marché de la pomme de terre est un marché qui est en plein développement en ce moment.
L’azote, le nitrate, l’urée, le sulfate d’ammoniac et les minéraux en général sont des éléments indispensables pour la croissance des végétaux. Ils sont importants et ils permettent d’obtenir le rendement mais nous ne pouvons plus regarder que le rendement. C’est à dire que si à un moment donné on produit mais qu’on dégrade de l’autre côté, au bout de quelques années on n’a plus la solution pour produire et le remède devient pire que le mal. Vous savez la nature est bien faite, elle est aussi très bien organisée et souvent elle reprend ses droits. Donc elle nous laissera la place qu’elle a envie de nous laisser, à nous de faire en sorte de s’inscrire dans la durée.
Nous allons terminer cette interview sur l’intérêt des jeunes qui étaient présents lors de la semaine de l’industrie du 18 au 24 novembre et qui souhaitaient découvrir l’activité de votre entreprise…
Eric Giovale : Oui, nous faisons régulièrement des visites de notre usine avec des clients et en faisant venir des jeunes nous les sensibilisons en leur montrant l’ensemble des métiers qui composent une entreprise et chez nous ils sont nombreux. Nous avons identifié à peu près 70 métiers différents dans notre entreprise pour 100 collaborateurs. Cela veut dire que finalement nous avons-nous aussi chez OvinAlp une énorme richesse en biodiversité des savoirs. Cette biodiversité de compétences nous permet aussi d’éduquer, d’expliquer pourquoi nous avons adopté cette démarche-là et quel est son intérêt futur. Cela nous permet de ne pas amorcer à un moment donné certaines problématiques qui sont parfois liées avec une activité économique, que ce soit par ses mouvements de produits ou simplement ses activités.
Nous sommes dans un monde où tout le monde voudrait la solution ultime, c’est à dire appuyer sur un bouton pour avoir la solution, que ce soit aussi simple qu’un coup de fil. Quoi que nous fassions il y aura toujours des contraintes, à nous de justement transformer ces contraintes en opportunités.
Notre mission chez OvinAlp : Respecter la terre, Nourrir l’avenir

