J’ai rencontré Miguel Mojica dans le Var, nous avons réalisé cette interview à Toulon où il vit actuellement. Originaire de Bogota, Miguel a tout quitté en Colombie pour s’installer en Europe, notamment en Espagne puis en France. Je vous invite à découvrir le parcours de ce designer passionné qui transforme vos idées en réalité.
Par Diane Cardoso-Gomes, fondatrice de Paris Latina News

Bonjour Miguel, peux-tu partager avec nos lecteurs tes différentes expériences en Colombie, aux États-Unis, à Dubaï, au Panama, en Espagne et en France ?
Miguel : Oui, bien sûr. Mon parcours a été assez varié et enrichissant. Ma première expérience professionnelle a eu lieu dans une entreprise de retail en Colombie, appelée Marka. J’y ai commencé à créer des présentoirs pour différentes marques ce qui m’a permis de proposer des idées variées. C’est un secteur qui encourage la créativité et l’exploration.
J’ai développé un large portfolio que je publiais sur Coroflot, une plateforme internationale de designers et artistes. Cette communauté m’inspirait énormément et m’a aussi offert une visibilité mondiale. Un jour, l’un de mes projets a été mis en avant sur la page d’accueil ce qui a énormément accru mon exposition.
À partir de là, j’ai commencé à recevoir des propositions de collaborations freelance. C’était nouveau pour moi mais j’étais curieux de l’explorer. J’ai ainsi travaillé avec Edo Agence à Chicago (États-Unis) en design d’espace retail, avec Anna à Dubaï, pour des concepts de parcs gonflables pour enfants et avec Asylum Marketing au Panama avec qui j’ai développé une collaboration continue.
Par la suite, j’ai voyagé à Chicago pour travailler un mois sur un projet spécifique avec Edo Agence. C’était mon premier voyage seul à l’étranger, une expérience fascinante et très inspirante.
De retour en Colombie, j’ai commencé à me poser des questions sur mon avenir professionnel : est-ce que j’aimais toujours ce que je faisais ? Avais-je besoin de sortir de ma zone de confort ? C’est ainsi que j’ai décidé de partir en Espagne pour faire un master en design de produit. Puis j’ai intégré ISABA, une entreprise spécialisée dans les parcs pour enfants, à Valence. Là, j’ai retrouvé un design libre, audacieux et fonctionnel. Nous étions une équipe soudée qui n’avait pas peur de proposer l’impossible. L’objectif était de surprendre les clients et nous y parvenions. Cette énergie me motivait au quotidien.
Fin 2022, avec mon épouse nous avons décidé de lancer un nouveau projet en France. Encore une fois, l’esprit d’exploration et d’aventure s’est réveillé : démarrer une activité indépendante, dans un nouveau pays, sans parler la langue, s’adapter à une nouvelle culture a été un défi immense. Aujourd’hui, je peux dire que je continue d’avancer et de grandir à travers chaque étape. Ce dernier déménagement me semblait particulièrement difficile mais grâce au soutien de mon épouse Alex — une femme exceptionnelle — tout a été plus fluide. Elle est un pilier dans ma vie.
Ce projet continue aujourd’hui depuis la Méditerranée, précisément depuis Toulon où j’ai la chance de pouvoir vous raconter cette histoire dans un petit café en centre-ville.

En 2022, la ville espagnole de Valence a été élue capitale mondiale du design, comment as-tu vécu sur place cette reconnaissance ?
Miguel : Cela a été une période très spéciale pour moi. Je ne voulais absolument pas rater cette année-là. J’habitais Valence depuis quatre ans. Mon épouse souhaitait que nous partions déjà en France mais en voyant l’importance de l’événement nous avons décidé de rester une année de plus que j’ai mise à profit sur le plan du design.
À cette époque, j’ai collaboré comme designer sur le projet Waterlight, avec l’agence VML Colombia (anciennement Wunderman Thompson). Ce projet à fort impact social a eu une reconnaissance mondiale. À Valence, il a aussi eu beaucoup d’échos. J’ai pu le présenter à Las Naves, participer à des interviews à la radio et à la télévision, et développer un réseau précieux. Cela m’a permis de découvrir de nouvelles visions de l’espace, du produit et des technologies qui sont aujourd’hui mises en œuvre.

As-tu réussi à t’adapter facilement à ta nouvelle vie en France ?
Miguel : Je dirais que l’adaptation est un vrai processus. Pour être honnête la langue m’a frappé de plein fouet au début. Je pensais ne jamais réussir à parler français. C’est une langue pleine d’exceptions et de nuances… mais me voilà en train de la parler petit à petit.
Je continue aussi à m’adapter à l’administration : les impôts, l’URSSAF, la TVA… Tout cela fait partie d’un apprentissage quotidien. Aujourd’hui, avec l’arrivée de notre fils Gabriel, cela prend encore plus de sens.
Quel est le projet dont tu es le plus fier ?
Miguel : Il y en a deux qui me tiennent particulièrement à cœur.
À titre indépendant, c’est sans doute Waterlight. Ce projet rassemble un concept fort, une collaboration interdisciplinaire et surtout un véritable impact social en Colombie. Il répond à un besoin concret sans entrer dans la logique du produit de luxe. De plus, il a inspiré d’autres projets dans le monde. Selon moi, c’est ce qu’il y a de plus précieux dans l’innovation.
À l’échelle de l’entreprise, je dirais que le projet de Tulum au Mexique a été l’un des plus marquants. Nous l’avons développé chez ISABA pendant la pandémie de COVID, ce qui a ajouté un défi logistique majeur. Travailler à distance, tout en restant connecté et efficace, a été très enrichissant. De nombreuses personnes ont participé à différentes étapes, chacune apportant sa valeur. Aujourd’hui, ce projet est devenu une référence dans l’entreprise.
Qu’utilises-tu comme logiciels ?
Miguel : Concernant les outils, j’aime travailler avec ceux qui me permettent de traduire mes idées de façon fluide. Le design implique l’utilisation de nombreux logiciels, à choisir selon le besoin du moment. Mais il est aussi essentiel d’utiliser celui avec lequel on se sent à l’aise. Ce sont des outils qui nous aident à transmettre nos idées au monde.
Personnellement, je travaille principalement avec Rhinoceros 3D. Pour les rendus, j’ai testé plusieurs options mais en ce moment je me concentre sur D5 Render, un logiciel très performant, notamment pour les visualisations architecturales et de produit.
As-tu un message à transmettre aux jeunes qui veulent se lancer dans le design ?
Miguel : Je leur dirais ceci : le design n’est pas seulement une carrière, c’est une manière d’observer et de comprendre le monde. N’ayez pas peur de l’échec, explorez l’inconnu, changez d’environnement. Entourez-vous de personnes qui vous inspirent et vous challengent. Et surtout, ne perdez jamais votre curiosité, car c’est elle qui alimente toute création.
Lien du site internet : https://www.miguelmojicadesign.com/
