La navigatrice espagnole Aina Bauza, record mondial en solitaire transatlantique en 2024, va participer à la Transat Café L’Or 2025

A travers cette interview, j’ai souhaité mettre en lumière Aina Bauza, une jeune femme de 30 ans, originaire de l’île de Majorque. Aina est l’unique espagnole à avoir obtenu le record mondial en solitaire transatlantique entre Cadix et San Salvador aux Bahamas (2024). Cette année, elle se prépare à une nouvelle aventure aux côtés de la française Axelle Pillain. Les lauréates de la troisième édition de Cap pour Elles vont relier Le Havre à Fort-de-France (Martinique) dans les Caraïbes au mois d’octobre.

Par Diane Cardoso-Gomes, fondatrice de Paris Latina News

Bonjour Aina, pensais-tu que cette passion familiale, avec tes parents et ton frère, t’amènerait aussi loin dans la navigation ? Qu’as-tu ressenti lors de ton exploit personnel réalisé en 2024 en solitaire ?

Aina Bauza : Bonjour Diane, pas du tout. J’ai commencé à naviguer toute petite à Majorque, avec mes parents et mon frère. Au départ c’était un jeu, une passion partagée en famille. Ensuite, j’ai fait de la régate en Optimist puis en Laser. Mais je n’imaginais pas que la voile deviendrait mon chemin de vie. C’est vraiment en découvrant la navigation au large, l’autonomie, l’aventure et la solitude en mer, que je me suis dit : c’est là que je veux être. Mon record du monde de l’Atlantique en solitaire, sur la Route de la Découverte en 2024, a été une expérience à la fois intense et profondément transformante. Être seule en mer pendant plus de 30 jours m’a énormément appris sur moi-même. Il y a eu des moments difficiles, des réparations à faire en pleine mer, la fatigue… mais aussi un incroyable sentiment de liberté, et une immense fierté d’avoir accompli cette traversée en autonomie.

Le 26 octobre 2025, la plus mythique des transatlantiques en double s’élancera entre la Normandie et la Martinique. Comment se déroule précisément cet événement ?

Aina Bauza : En effet le 26 octobre 2025, je prendrai le départ de la plus mythique des transatlantiques en double, la Transat Café L’Or, avec Axelle Pillain. Ensemble, nous allons relier la Normandie à la Martinique, sur un parcours de près de 4 000 milles. C’est une course exigeante, avec des conditions météo très variées et une grande charge mentale et physique à gérer en duo.

As-tu besoin de sponsors ?

Aina Bauza : Oui, nous sommes encore à la recherche de sponsors pour boucler notre budget. Un tel projet demande des ressources importantes : préparation du bateau, nouvelles voiles, sécurité, communication… Chaque partenaire peut jouer un rôle clé dans cette aventure humaine et sportive.

Vous allez former un duo franco-espagnol avec Axelle Pillain, selon toi quelles sont vos qualités pour remporter cette course ensemble ?

Aina Bauza : Gagner n’est pas notre objectif. Pour nous, être sur la ligne de départ de la Transat Café L’Or, c’est déjà une victoire. Avec un budget très limité, chaque étape du projet est un défi en soi. Notre but, c’est d’aller au bout, de traverser l’Atlantique ensemble.

Cela dit, nous avons déjà prouvé que nous pouvions rivaliser : lors de notre première course de la saison, nous avons fait un podium face à des équipes avec 20 fois plus de budget que nous. Cela montre que la motivation, la rigueur et l’entraide comptent autant que les moyens.

Axelle et moi sommes complémentaires : on se fait confiance, on communique bien, et on garde toujours l’envie intacte, même dans les moments difficiles. C’est cette énergie-là qui nous fera traverser l’Atlantique, ensemble.

Le Vendée Globe souhaite utiliser la puissance médiatique de l’événement pour sensibiliser le public à la préservation des océans. Je sais que tu rêves de vivre cette aventure humaine… Quel est ton point de vue sur la fragilité de nos océans face au réchauffement climatique ?

Aina Bauza :  En tant que navigatrice, je suis chaque jour témoin direct de la fragilité de nos océans. On voit les changements : des zones auxquelles la faune disparaît, des plastiques au milieu de nulle part, des phénomènes météorologiques de plus en plus extrêmes.

Quel message souhaites-tu transmettre aux jeunes skippeurs/skippeuses ?

Aina Bauza : Je leur dirais de rêver grand, de croire en leurs projets… et surtout de ne pas croire tout ce qu’on leur dit. Sur le chemin, ils rencontreront forcément des gens qui ne croient pas en eux, qui diront que ce n’est pas possible, que c’est trop dur ou trop ambitieux.

Il faut apprendre vite à faire le tri, à écouter ceux qui construisent, pas ceux qui freinent. C’est important de rester fidèle à son cap, même quand ça secoue. On apprend, on tombe, on se relève, c’est comme ça qu’on avance.