Wendy Nazaré, chanteuse et romancière

Bonjour Wendy, passionnée par l’écriture depuis votre enfance, pourriez-vous nous faire part de votre évolution dans votre carrière artistique ?

Tout a commencé quand j’étais très petite. Je devais avoir 3 ans ! J’avais une certitude : je voulais être chanteuse !

Ensuite est venu le conservatoire et l’apprentissage du piano puis de la guitare. Je ne le savais pas mais lorsque l’on m’a dévoilé un secret de famille, cette découverte m’a plongée dans un désir d’écriture, comme une nécessité. J’ai composé mes premières chansons à 11 ans sans trop me rendre compte que tout cela était lié !

J’ai rencontré divers producteurs entre 11 et 18 ans, j’ai travaillé sur des albums qui resteront dans des tiroirs et, au fil des rencontres, à 18 ans, je me suis retrouvée à Montréal dans « l’écurie » d’une maison de disque québécoise (Octant). Cela impactera ma vision de la scène. À 21 ans, j’ai rencontré mon mari, Christophe Henin, en studio. Ingénieur du son et arrangeur, on a décidé de se faire plaisir, de partir enregistrer mes compositions en Dordogne, chez un ami. Il s’agissait surtout de retrouver mon identité, un peu perdue dans les volontés des producteurs précédents. D’ailleurs depuis, ma carrière reste une histoire familiale !

J’aspirais à des sonorités folk et cet album auto produit en 2008 sera repris par Universal en 2009. Avec eux, je vais sortir le single « Mon pays », co-écrit avec Arthur de la Taille qui reste encore aujourd’hui un compagnon d’écriture. Ce titre m’a fait connaître au public belge et, par la suite, j’ai sorti un deuxième album avec Mymajorcompany, en 2012. « Au goût eighties » va être programmé en radio en Belgique et au Québec mais c’est le titre « Lisboa », écrit quelques années plus tôt, qui va donner un nouveau tournant à ma carrière.

João Callixto découvre ce titre et décide de diffuser le clip sur la RTP Internacional. Ensuite, je vais rencontrer une attachée de presse avec qui je travaille encore aujourd’hui qui va réussir l’impossible à cette époque : faire passer une chanson francophone sur des ondes lusophones ! Cerise sur le gâteau, cette chanson va être choisie pour faire partie d’une telenovela de la Sic, ce qui va donner une visibilité incroyable à ce titre, chanté en duo avec mon ami Pep’s. 

Le contact avec la communauté portugaise internationale me donne des ailes, j’ai eu l’impression de recevoir un amour qui me manquait: celui de mon vovô parti trop tôt!

À partir de ce moment, j’ai eu envie de me rapprocher des mes racines et je suis finalement venue vivre au Portugal !

Suite au succès de votre chanson Lisboa en duo avec Pep’s (+ de 2 millions de vues sur Youtube  – sortie en octobre 2012) vous avez souhaité tourner un autre clip à Lisbonne avec votre nouveau titre « Prends la mer » diffusé le 3 mars 2023. Vous avez d’ailleurs réalisé ce titre également en langue portugaise « Segue o Mar ». Pourquoi ce choix de le chanter dans les deux langues ?

Ce titre est dédié à mon frère que l’on voit courir à Lisbonne mais aussi à Palmela, Arrabida et Sintra ! C’est notre amour pour le Portugal qui nous pousse à filmer ces paysages magnifiques et, dans ce clip, nous voulions passer le message d’aller au bout de ses rêves, de se dépasser tout en prônant un retour à un essentiel qui manque tant à nos vies : la nature. 

Terminant mon livre sur lequel j’ai travaillé pendant des années, livre retraçant l’histoire de ma famille et dévoilant ses secrets, je me suis rendue compte que mon répertoire était lié à toutes ces histoires ! Il était important de traduire ce livre en portugais car c’est aussi l’histoire de mon grand-père né à Paranhos da Beira ! Alors, cela m’est apparu comme une évidence, il fallait que j’adapte les chansons en français en portugais pour le lecteur lusophone. En effet, dans le livre, il y aura des QR codes avec toutes les nouvelles chansons et quelques anciennes. 

Ce livre était à la base plus un rêve qu’une promesse faite à mon grand-père. Il savait que je voulais écrire toutes ces histoires dignes de grands romans et, lors de ses funérailles, son frère m’a remis 5 petites cassettes audios. Il avait pris le temps de me raconter tout et bien plus juste avant de partir ! J’avoue que je ne pensais pas vraiment réussir à écrire un véritable livre un jour…

Il m’a fallu des années pour avoir la force de tout écouter et les retranscrire m’a aidée à le faire. Je lui ai alors répondu dans un journal intime qui est devenu ce que j’aime appeler ma « biographie familiale subjectivement recomposée ». Ce livre n’existerait pas sans mon père, sa mémoire d’éléphant et sa culture incroyable. Cela a été autant une enquête qu’une libération émotionnelle pour moi. 

©Wendy Nazaré

Votre premier livre « Les flamboyants bleus » est-il lié au titre de votre nouvel album « Jacarandá  » ? Ils sortiront tous les deux le 2 juin chez Âncora au Portugal et chez Chronica en Belgique. Que voulez-vous faire passer comme message ?

Psychologue de formation, il est certain que cela a impacté ce que je voulais transmettre dans ce livre. Nous sommes tous dépositaires d’histoires qui font qui nous sommes. À nous de les comprendre et d’en prendre ce que nous voulons, sans porter ce qui ne nous appartient pas, à condition de bien vouloir se poser au balcon de sa vie pour prendre conscience de petites et grandes choses… qui nous agréent, nous portent ou nous bloquent ! 

Ce livre est sur la transmission orale, je dirais que c’est aussi un livre sur la résilience, sur des destins hors du commun, sur des choix qui ont toujours des conséquences, sur le fait, surtout, que nous pouvons choisir qui nous voulons être et comment nous voulons impacter notre monde. 

J’ai ressenti lors de notre premier échange l’attachement profond que vous aviez pour votre grand-père portugais et pour Nazaré, j’en profite pour rappeler à nos lecteurs votre joli nom d’artiste. Quel bon choix ! J’invite ceux qui ne connaissent pas encore la plage de Nazaré à visiter cet endroit mondialement connu pour son spot de surf avec ses vagues immenses.  Que souhaiteriez-vous ajouter pour terminer cette interview ?

Effectivement! Dans mon livre, j’ai changé les noms et prénoms pour protéger ma famille et j’ai appelé mon grand-père Nazaré, tout comme mon nom d’artiste. C’était une façon de me rapprocher de mes origines, de porter un nom portugais que je devrais porter si l’histoire avait été différente ! Mon grand-père a essayé de corriger le passé avec moi et de me donner une identité portugaise qu’il aurait voulu transmettre à mon père… Il a réussi ! Nazaré était un lieu qu’il aimait et qu’il a aimé me faire découvrir tout comme plein d’autres lieux et régions du Portugal… Depuis sa région natale, près de Seia, en passant par Aveiro, Coimbra, Lisboa, le Ribatejo ou encore l’Algarve ! 

Je vous remercie très sincèrement Wendy pour ce moment privilégié.

Merci à vous pour ce bel échange!